jeudi 2 octobre 2008

Souvenir de philo

Je viens de trouver dans le livre de beigbeder une vision philosophique de l'amour qui m'a toujours fasciné.
Voici le texte que j'avais initialement étudier en cours :

Il arrive qu'un asservissement total de l'être aimé tue l'amour de l'amant. Le but est dépassé : l'amant se retrouve seul si l'aimé s'est transformé en automate. Ainsi l'amant ne désire-t-il pas posséder l'aimé comme on possède une chose : il réclame un type spécial d'appropriation. Il veut posséder une liberté comme liberté.
Mais, d'autre part, il ne saurait se satisfaire de cette forme éminente de la liberté qu'est l'engagement libre et volontaire. Qui se contenterait d'un amour qui se donnerait comme pure fidélité à la foi jurée ? Qui donc accepterait de s'entendre dire : " Je vous aime parce que je me suis librement engagé à vous aimer et que je ne veux pas me dédire ; je vous aime par fidélité à moi-même ? " Ainsi l'amant demande le serment et s'irrite du serment. Il veut être aimé par une liberté et réclame que cette liberté comme liberté ne soit plus libre. Il veut à la fois que la liberté de l'Autre se détermine elle-même à devenir amour - et cela, non point seulement au commencement de l'aventure mais à chaque instant - et, à la fois, que cette liberté soit captivée par elle-même, qu'elle se retourne sur elle-même, comme dans la folie, comme dans le rêve, pour vouloir sa captivité. Et cette captivité doit être démission libre et enchaînée à la fois entre nos mains. Ce n'est pas le déterminisme passionnel que nous désirons chez autrui, dans l'amour, ni une liberté hors d'atteinte : mais c'est une liberté qui joue le déterminisme passionnel et qui se prend à son jeu.
Sartre, l'Etre et le Néant, III, 3 pp. 434-435



Et la vision (un peu machiste tout de même ;)) de Beigbeder reprenant le même raisonnement.



"Pourquoi mari n'a-t-il le courage de dire tout simplement la vérité à sa femme?

"Chérie, je t'aimerai toujours, tu es vraiment faite pour moi,
mais j'ai envie de faire l'amour à d'autres femmes que toi.
Cela te paraît insupportable alors que c'est toi qui est insupportable : tu contestes tout simplement l'essence même de ma masculinité. Il n'est pas très grave que je couche avec d'autres femmes si tu n'enquête pas sur tout les détails et ne lis pas mes e-mails.
Tu peux faire la même chose, je ne te l'interdis pas, au contraire ça m'excite de te savoir désirée par d'autres hommes car comme tous les mecs je suis un pédé refoulé.
Ta jalousie est tellement réac que tu es à toi seule la preuve de l'échec de la révolution sexuelle.
Tu veux profiter des acquis de la révolution féministe mais tu veux aussi la restauration du couple à l'ancienne.
Tu ne m'aimes pas : tu veux me posséder, ce n'est pas là même chose.
Si tu m'aimais comme tu le prétends, tu aurais envie que j'aie tout le temps du plaisir, avec où sans toi, comme je te le souhaite aussi, avec où sans moi.
Je vais être obligé de te quitter pour cette stupide et néanmoins - ma décision le prouve - extrêmement importante raison :
j'avais besoin de toucher d'autre corps que le tien, afin de vérifier que c'était le tiens que je préférais.
Adieu, dragon de ma vie, incapable de comprendre ce qu'est un mari.
Je te suggère le suicide ou le lesbianisme comme issue à ton ignorance des fondements de la virilité.
Regarde-moi bien : tu ne vas plus me voir. C'est en voulant me posséder que tu viens de me perdre.""

Petite pensée sur la société de consomation...

Un extrait de "Au secours pardon" de Beigbeder qui reflète bien l'ambiance qui règne ici... "consomme consomme consomme..."

Ce livre est la continuité du célèbre 99fr. Après son incarcération pour meurtre involontaire, Octave devient "talent scoot", chercheur de tête chez L'idéal ;).
Son but ? Que 3 milliards de femmes est envie de ressembler à la même. Son problème est de trouver laquelle... Oui légèrement pathétique ;)
Il se trouve donc à Moscou, et ici se confesse à un ami prêtre.


"Je vous assure que la plupart des athées que je croise ont la même préoccupation que vos ouailles récemment libérées : éviter de réfléchir.
C'est un boulot à plein temps que de fuir les questions qui fâchent
(Suis-je heureux, amoureux, merdeux? Suis-je un mort-vivant abandonné sur une terre aride ?Ai-je une raison de vivre et de payer autant d'impôts? Comment faire pour rester viril dans un monde matriarcal ? Par quoi allons-nous remplacer dieu cette fois-ci : une webcam, un martinet où un chien de compagnie ?).
Pour meubler leur solitude et tromper le silence, les mécréants achètent des voitures à crédit où téléchargent des chansons,
picolent dès le déjeuner,
prennent des excitants le matin et des somnifères le soir (parfois l'inverse),
font défiler des prénoms sur leur portable,
disent je t'aime successivement sur plusieurs boîtes vocales,
s'abonnent à toutes les chaînes câblées pour adultes,
remplissent leur agenda de rendez-vous qu'ils annulent à la dernière minute par crainte de ne pas arriver à parler en public sans fondre en larmes,
marchent dans les rues en lisant des sms sans regarder autour d'eux (donc se retrouvent avec de la crotte de labrador sous la semelle droite),
se masturbent en lisant playboy où In style,
glapissent de joie quand le capitaine de l'équipe de football fout un coup de boule à un joueur adverse,
traversent des centres commerciaux souterrains qui ressemblent à des parcs à thème en enjambant les clochards allongés sur le sol, se battent pour avoir la console de jeux Nintendo Wii avant leur voisin,
appellent SOS médecins à l'aube pour entendre une voix humaine,
s'offrent le coffret de la deuxième saison de Six feet Under en DVD qui restera sous Cellophane parce qu'il préfèrent se toucher devant des bandes dessinées sadomasochistes et,
le reste du temps, courent en sens inverse sur un tapis roulant pour oublier que la couche d'ozone s'amenuise d'heure en heure.
L'industrie du confort prévoit une quantité effrayante de distractions pour occuper notre esprit.
Mais n'est ce pas plutôt pour nous empêcher de nous en servir?
Ce n'est pas une nouveauté (Platon et Pascal avaient déjà remarqué depuis longtemps que l'être humain fuit la réalité) mais le phénomène s'est accéléré.

L'homme n'a plus qu'une idée : se changer les idées.

Il fuit quelque chose dans le plaisir, mais à mon avis, fuir c'est comme chercher à l'envers.

Qu'es ce qu'on cherche alors ? L'amour, vous croyez ?

Oh pitié, épargnez-moi vôtre prêchi prêcha. Dieu? Encore une utopie.

On rêve d'un rêve.

Cela veut dire qu'on dort debout, comme vous en m'écoutant."